Il ne se souvient de rien. Dans la nuit du 31 mars, Manuel Andrés Pardo, Chilien de 36 ans vivant en France depuis une dizaine d’années, a été victime d'une violente agression entraînant une double fracture du crâne. Cet étudiant en anthropologie à l’université Le Mirail est toujours hospitalisé mais son pronostic vital n’est plus engagé. Une enquête est en cours.
Il est passé 23 heures lorsqu’Andrés sort d’un concert dans le quartier Arnaud Bernard de Toulouse, réputé pour ses bars alternatifs. Un témoin raconte la scène, d’une violence effroyable : « Une quinzaine d’individus de type européen sont arrivées sur la place avec des battes de baseball et des barre de fer, ils portaient des casquettes et des capuches. Visiblement hostiles, ils étaient en mission commando pour en découdre. Il y a eu une réaction citoyenne, les gens se sont levés pour les poursuivre. Moi je me suis retrouvé dans une rue. Entre eux et moi, il y avait un homme (Andrés, NDLR) les mains à hauteur des épaules pour montrer qu’il n’était pas armé. Je lui criais de reculer, mais il était figé. Un assaillant lui a donné un coup de pied sauté au niveau du thorax. En se fracassant sur le sol, sa tête a fait un bruit... très sourd. Il ne bougeait plus. J’ai hurlé "vous l’avez tué" ». Les agresseurs, organisés, prennent rapidement la fuite. Le témoin de l’agression trouve Andrés suffoquant sur le sol, les yeux révulsés et du sang sortant des tympans. Il le met en position latérale de sécurité avant d’être rejoint par un deuxième homme, qui appellera le Samu.
Pour le comité de soutien à Andrés, ses agresseurs appartiennent à un groupe d'extrême-droite. Certains évoquent les identitaires, exclus l’après-midi de la manifestation pour la langue occitane ou les hooligans du Toulouse football club. Quoiqu’il en soit, « il était important pour nous d’avoir une réaction non violente face à la xénophobie, explique Jeremy Marnham, ami d’Andrés. De dénoncer cet acte de violence gratuite à l'encontre d'un individu isolé et sans défense. » La situation d’Andrés est d’autant plus grave que, sans-papiers, il est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Ses professeurs et amis promettent aussi de se battre pour qu’il reste en France, « où il a refait sa vie ».
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Reportage de France 3 du    avril 2012

http://midi-pyrenees.france3.fr/info/toulouse--rixe-extreme-droiteantifascistes-73285170.html

Par souci de transparence, nous ajoutons ce qui a été coupé au montage, à savoir notre sentiment que la violence xénophobe trouve son origine dans la xénophobie au sein des institutions ainsi que dans la société entière. De plus, nous avons précisé notre souhait que la mobilisation soit non-violente. CSA